Bonjour,
Toutes les 2 semaines, je décrypte pour vous l’actualité économique, géopolitique et sociale pour vous apporter des clés de lecture utiles pour nourrir vos copies en prépa. Au programme cette semaine : le e-commerce.
Bonne lecture… et si vous aimez, n’hésitez pas à partager.
Stephan Bourcieu,
Docteur en Économie / Influenceur dans le monde des Grandes Écoles
Directeur général de BSB
Alors que le Black Friday vient de se clôturer sur de nouveaux records et que les fêtes de Noël approchent, il est temps de se pencher sur le commerce électronique. Le e-commerce, c’est l’avenir, nous disent les observateurs du commerce mondial. En 2040, 95% des achats seraient effectués en ligne1.
On en est encore loin. En France, avec 112 milliards d’euros de commandes passées sur Internet en 2020, le e-commerce représente 13,4% du commerce de détail. C’est beaucoup mais pas encore un raz de marée. Pour autant, la progression du commerce en ligne, en France comme ailleurs, est réelle. En 2019, il y a donc seulement deux ans, les achats en ligne ne dépassaient pas 10% du total2 (9,8 %).
Mais oui. C’est incontestable. Servi par l’amélioration des réseaux électroniques, boostés à coup de fibre optique (pour la génération Y, qui commande depuis son ordinateur) ou de 5G (la génération Z, dont la main est prolongée par le Smartphone), le commerce électronique donne accès à tous à tous les produits du monde. Héritier du catalogue de La Redoute, en plus ergonomique, et du commerce ambulant, en plus disponible, le e-commerce met tous les consommateurs à égalité d’accès.
Et inversement, côté producteurs, le commerce électronique agrège plus vite le marché mondial que la signature de l’accord CETA3. En théorie, n’importe quelle start-up un peu inventive, n’importe quel producteur de terroir un peu aventureux peut se lancer dans le grand-export grâce au e-commerce. Les places de marché, Amazon en premier lieu, se chargent de leur simplifier le business et donnent un formidable écho – moyennant redevance – à leur créativité.
Et le e-commerce n’est pas ennemi de la protection du consommateur. Ainsi, Wish, plateforme américaine accusée d’être peu regardante sur la dangerosité des produits qu’elle propose, a pu tout récemment être débranchée du marché français à la demande de la DGCCRF4.
Alors, tout est merveilleux au pays du commerce en ligne ? Que non, sinon, la vie serait trop simple. Car le développement du commerce en ligne induit une révolution globale de nos modes de vie, de nos relations, de nos références culturelles. Et pose des problèmes climatiques et environnementaux redoutables.
Le changement de société tout d’abord. « Que va-t-il rester de l’animation des centres villes si tout le monde achète en ligne », demandent les nostalgiques du monde ancien ? « Bah, il y a longtemps que les centres commerciaux périphériques ont renversé la table », répondent les princes du clic. Débat en cours. Disons qu’avec 15% de part de marché pour le commerce électronique, l’équilibre n’est pas encore totalement rompu. Et qu’avec le phygital5 et le développement de services innovants, les commerçants de centre-ville n’ont pas forcément totalement cédé le terrain.
Le défi climatique et environnemental est autrement plus préoccupant. Le commerce en ligne invite à consommer toujours plus facilement : il a un impact direct sur les flux énergétiques et donc sur les émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs il inverse la pratique logistique, qui voulait que le commerçant de détail reçoive des produits en masse que les consommateurs emportent individuellement. Avec le commerce en ligne, la logistique urbaine est individualisée. C’est le fameux dernier kilomètre. Parcouru par chacune de nos commandes. Mais là , encore, des solutions vertueuses s’esquissent, qui reposent notamment sur les mollets de cyclistes électrisés.
Alors, que faire ? Participer avec ardeur à la mondialisation électronique ou s’abstenir au nom de la défense du commerce de proximité et de la protection de la planète ? Sans doute savoir résister aux sirènes puissantes des ténors mondiaux du commerce en ligne qui nous incitent à la surconsommation. Évitons de transformer le Black Friday en vendredi noir pour la planète.
Un peu d’espoir dans ce monde de brutes : savez-vous quel fut le premier article commandé en 1995 sur le tout jeune Amazon ? Un livre !
1Nielsen – 20202Fevad (Fédération e-commerce et vente à distance) – 20213Accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada, lancé en 2009, signé en 2016 et toujours pas totalement ratifié 4Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes5Alliance du commerce physique et du digital, par exemple traduite par le comportement ROPO (Research Online, Purchase Offline)
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