Toutes les 2 semaines, je décrypte pour vous l’actualité économique, géopolitique et sociale pour vous apporter des clés de lecture utiles pour nourrir vos copies en prépa. Au programme cette semaine : l'inflation.
Bonne lecture… et si vous aimez, n’hésitez pas à partager.
Stephan Bourcieu,
Docteur en Économie / Influenceur dans le monde des Grandes Écoles
Il y a quelques mois encore, l’inflation faisait plutôt partie de l’armoire aux souvenirs, à côté du franc français et du serpent monétaire européen. Une curiosité, dont on racontait qu’elle avait permis à nos grands-parents d’acheter leur maison à bon compte. Bref, presque un élément de folklore ! Mais voici que l’inflation revient. 2,2 % entre septembre 2020 et septembre 2021 en France. En soi, ce n’est pas si énorme. Mais ce retour de la hausse des prix s’accompagne de tensions sur nombre de matières premières et notamment d’une augmentation bien supérieure du coût de l’énergie. Et, surtout, personne ne connaît la suite de l’histoire. Alors, faut-il craindre l’inflation, grignoteuse de pouvoir d’achat ? Ou au contraire se réjouir pour l’accélération de la transition énergétique, qui dispose ainsi d’un allié supplémentaire ? Les éléments du débat…
D'où vient l'inflation ?
La reprise économique est plutôt une reprise de la demande, tirée par une masse d’argent à dépenser du côté des ménages. En clair, au moins dans les pays avancés, tout le monde a envie d’acheter et à davantage les moyens de le faire, grâce aux économies accumulées pendant les périodes de confinement.
Mécaniquement, quand tout le monde veut acheter un peu les mêmes choses en même temps, les prix augmentent. C’est de bonne guerre du point de vue des vendeurs. Mais là où les difficultés commencent vraiment, c’est que la machine économique mondiale a besoin de plus de temps pour répondre à ce désir de consommation. Les clients font la queue devant la boutique mais les rayons ne sont pas tous pleins ! En ce moment, par exemple, acheter un vélo ou une puce électronique relève plutôt du parcours du combattant !
Donc, pic de besoins + tensions dans le système de production = inflation ! Et pour l’énergie, on y ajoute l’arrivée de l’hiver et certaines crispations géopolitiques. Sur-inflation !
L'inflation, c'est bien ou ce n'est pas bien ?
Ça, c’est franchement le débat. Et la réponse dépend clairement de la position des acteurs. Du côté des points positifs, il y a l’augmentation potentielle des salaires. D’autant plus que la tension est aussi dans le recrutement. En clair, une forme de justice sociale se conjugue avec la pénurie de talents. L’inflation, cela peut être bon pour les salariés. Notamment pour ceux employés dans des entreprises qui ont besoin de retenir leur main d’œuvre et de recruter pour suivre la demande de leurs clients. Mais pas seulement, car augmenter les salaires en temps d’inflation, c’est maintenir le pouvoir d’achat et donc entretenir la demande, une fois les économies des consommateurs post-confinement épuisées. Et ça, c’est bon pour toutes les entreprises !
Du côté des gagnants de l’inflation, on trouve bien sûr aussi les emprunteurs (les enfants et les petits enfants de nos grands-parents des 30 glorieuses, qui ont pu acheter leur maison dans d’excellentes conditions). En effet, dans une hypothèse d’emprunt à taux fixe, l’inflation vient alléger le coût du remboursement puisque la somme déboursée mensuellement est constante alors que sa valeur se dégrade.
Pour autant, tout le monde ne gagne pas avec l’inflation. Pierre Bérégovoy, Premier ministre de François Mitterrand en 1992, avait coutume de dire « L’inflation est toujours un impôt pour les pauvres et une subvention pour ceux qui ont du bien au soleil ». Et c’est bien vrai que la hausse des prix est plus douloureuse pour les plus petits revenus, qui voient le nécessaire amputé. D’où par exemple la récente mise en place par le Gouvernement de la prime de 100 euros, dite ‘’prime inflation’’. Finalement, l’inflation aura dans nos vies l’impact que nous choisirons d’y mettre. Ce peut être un aiguillon pour renoncer encore plus vite à la surconsommation et à l’addiction au carbone. Et un levier pour investir dans un projet qui nous tienne à cœur. À vous de choisir le bon côté de l’inflation !
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